Résumé

Ce rapport rend compte de la visite à Edinburgh Napier University, dans le cadre du congé scientifique consacré à l’étude des évolutions de la formation en ingénierie en Europe. Située à Édimbourg et accueillant plus de 19 500 étudiantes et étudiants de 140 pays, l’université illustre un modèle d’enseignement supérieur moderne, appliqué et international.

L’histoire de l’établissement, fondé en 1964 comme Napier Technical College, témoigne d’une vocation technique et professionnelle qui perdure encore aujourd’hui. Reconnu comme université en 1992, Edinburgh Napier s’est depuis développée sur trois campus modernes – Craiglockhart, Merchiston et Sighthill – qui regroupent cinq écoles académiques et seize centres de recherche. La diversité de son offre couvre aussi bien les sciences appliquées et l’ingénierie que les arts créatifs, le business et la santé.

Les rencontres avec les responsables académiques ont mis en évidence une forte orientation vers la collaboration avec les entreprises, matérialisée par les Graduate Apprenticeships. Ces cursus permettent aux étudiants d’obtenir un diplôme universitaire tout en étant employés, sans frais de scolarité, et avec l’appui de mentors académiques et professionnels. Plus de 150 apprentis sont actuellement formés selon ce modèle, qui rapproche étroitement l’université du tissu socio-économique. Cette approche se double d’un accent marqué sur les projets de fin d’études et sur les placements en entreprise, garantissant une formation alignée sur les besoins du marché.

L’attractivité des formations en ingénierie ne semble pas poser de difficultés, les effectifs étant en croissance. La modernité des infrastructures, la taille réduite des groupes et l’employabilité élevée des diplômés constituent des arguments décisifs. Les cursus combinent rigueur académique et pratique professionnelle, renforcés par une offre internationale (joint degrees avec l’Allemagne, l’Italie ou la Suisse).

Le système écossais offre également une flexibilité intéressante : bachelor en quatre ans, masters en un ou deux ans, ou parcours intégrés sur cinq ans. Cette diversité répond à différents besoins, depuis l’entrée rapide sur le marché du travail jusqu’à la spécialisation avancée. Les dispositifs de soutien (modules de mathématiques, outils numériques avec feedback immédiat, ressources en ligne) favorisent la réussite et l’individualisation des parcours.

Un autre aspect marquant est l’articulation entre enseignement et recherche. Les étudiantes et étudiants sont impliqués dans des projets appliqués dès le bachelor, bénéficiant de laboratoires comparables à ceux des hautes écoles spécialisées. Les centres de recherche couvrent des domaines stratégiques – santé, cybersécurité, IA, durabilité, transport – et entretiennent des liens étroits avec les entreprises, renforçant le rôle de l’université comme partenaire d’innovation.

Enfin, la stratégie institutionnelle, « Shaping our Future: Driving Distinctiveness », trace les grandes orientations pour les prochaines années : renforcement de l’employabilité, internationalisation, développement de l’Innovation Hub, et neutralité carbone à l’horizon 2030. Inclusive, appliquée et collaborative, Edinburgh Napier University ambitionne de rester un acteur clé dans la formation et la recherche, contribuant à la fois au développement économique et social de l’Écosse et au rayonnement international.

Description de l’université

Histoire

Edinburgh Napier University[1] est aujourd’hui un établissement d’enseignement supérieur de premier plan, accueillant plus de 19’500 étudiantes et étudiants issus de plus de 140 pays. Implantée au cœur d’Édimbourg, la capitale écossaise, elle se distingue par la richesse de son offre académique, son ancrage international et sa proximité avec les grands pôles économiques et culturels de la région.

Son histoire remonte à la figure de John Napier (1550-1617), mathématicien et philosophe écossais, inventeur des logarithmes et du point décimal, dont l’héritage scientifique continue d’inspirer l’institution. Le Merchiston Castle, demeure historique où naquit John Napier, a été sauvé de la démolition en 1958 et intégré comme bâtiment central du futur collège technique. En 1964, le Napier Technical College ouvre ses portes à 800 étudiantes et étudiants, proposant déjà des formations variées allant de l’ingénierie à la chimie en passant par l’artisanat.

Au fil des décennies, l’établissement n’a cessé de croître et de se transformer. Rebaptisé Napier College of Science & Technology en 1967, puis Napier College of Commerce and Technology en 1974 après fusion avec l’Edinburgh College of Commerce, il étend progressivement ses campus et renforce ses capacités d’accueil. La reconnaissance officielle en tant qu’université intervient en 1992, marquant une étape décisive dans son développement académique et institutionnel.

Depuis, l’université a consolidé sa réputation en Écosse et au-delà. L’ouverture de nouveaux campus modernes, comme celui de Sighthill en 2011, s’est accompagnée d’investissements ambitieux et d’innovations pédagogiques. La création d’unités de recherche reconnues, telles que le Building Performance Centre, ou l’obtention de distinctions prestigieuses comme le Queen’s Anniversary Prize en 2009 et 2016, témoignent de cette dynamique. Edinburgh Napier University[2] entretient par ailleurs des liens étroits avec les milieux industriels et économiques, se positionnant comme l’un des principaux acteurs du transfert de connaissances et du développement de l’apprentissage en entreprise en Écosse. Elle est aujourd’hui l’un des plus grands prestataires de Graduate Apprenticeships et un leader national de la formation en milieu professionnel, en partenariat avec un large éventail d’employeurs allant des PME locales aux multinationales. Cette orientation, qui rappelle la vocation des hautes écoles spécialisées en Suisse, s’accompagne néanmoins du privilège universitaire de pouvoir former jusqu’au doctorat. Edinburgh Napier associe ainsi tradition académique, innovation appliquée et insertion professionnelle, affirmant sa place de référence dans le paysage de l’enseignement supérieur écossais et international.

Campus, centres de recherche et écoles

Classée première université moderne en Écosse (THE World University Rankings 2025) et première à Édimbourg pour la satisfaction estudiantine depuis six années consécutives (NSS 2020–2025), elle incarne un modèle d’enseignement supérieur où l’excellence académique s’allie à une forte orientation appliquée. Cette identité, héritée de son histoire en tant qu’institution technique, continue de se refléter dans la priorité accordée aux apprentissages en lien avec les entreprises, au transfert de connaissances et à l’innovation orientée vers la société.

L’université[3] s’appuie sur trois campus principaux, chacun doté d’installations modernes adaptées aux besoins spécifiques de ses écoles. Le campus de Craiglockhart, qui abrite la Business School, associe patrimoine architectural et modernité. Situé dans un environnement verdoyant offrant une vue panoramique sur Édimbourg, il rassemble des auditoriums de grande capacité, des laboratoires multimédias et des espaces d’apprentissage interactifs. Ce site est reconnu comme un pôle d’échanges internationaux et de réflexion stratégique, en lien avec la communauté économique et entrepreneuriale.

Le campus de Merchiston accueille les étudiantes et étudiants en ingénierie, en informatique, en construction et dans les industries créatives. Ancien site historique intégré au développement de l’université, il concentre aujourd’hui des infrastructures technologiques de pointe : le Jack Kilby Computing Centre, des laboratoires de jeux vidéo, des studios de télévision, de radio et de photographie, ainsi que des studios de musique conformes aux normes de l’industrie. Ce campus illustre la dimension pluridisciplinaire de l’université, en rassemblant des compétences scientifiques, techniques et créatives au sein d’un même espace.

Le campus de Sighthill est le plus récent et l’un des plus modernes, inauguré en 2011 après un investissement de 60 millions de livres. Il héberge les écoles des sciences appliquées et de la santé et du travail social. Conçu pour offrir une immersion réaliste dans les environnements professionnels, il dispose de laboratoires de sciences du sport, de suites de compétences cliniques et de salles de simulation hospitalière. Le centre sportif [EN]GAGE, ouvert à la communauté universitaire et au public, complète l’offre en matière de bien-être et de santé. Ce campus traduit la volonté de l’université de proposer un cadre d’apprentissage où la pratique et la recherche appliquée sont au cœur de la formation.

Edinburgh Napier University s’appuie sur un réseau de seize centres de recherche spécialisés qui reflètent la diversité et l’orientation appliquée de ses activités scientifiques. Ces centres couvrent des domaines stratégiques tels que la santé (Centre for Cardiovascular Health, Biomedicine and Global Health, Mental Health Policy and Law), l’environnement et la conservation (Conservation & Restoration, Creativity & Environment Research), le droit et la société (Child & Family Law & Policy), ainsi que le tourisme, secteur clé pour l’économie écossaise. D’autres pôles associent innovation technologique et sciences sociales, comme le Centre for Creative and Social Informatics, le Centre for AI & Robotics ou encore le Centre for Cybersecurity, en lien direct avec les défis numériques contemporains. Le Transport Research Institute et le Business Innovation & Sustainability Centre incarnent pour leur part la vocation de l’université à accompagner les transitions économiques et énergétiques. Enfin, la présence d’un Innovation Hub permet de renforcer le transfert de connaissances et la collaboration avec les entreprises, de la PME locale aux grandes organisations internationales. Cette articulation entre recherche fondamentale, innovation appliquée et partenariats industriels consolide le rôle de l’université comme acteur clé du développement scientifique et socio-économique en Écosse et au-delà.

L’organisation académique repose sur cinq écoles spécialisées. La Business School, accréditée AACSB, se situe parmi les écoles de commerce les plus reconnues au niveau mondial. Elle offre une formation centrée sur l’innovation, la durabilité et l’impact international, tout en cultivant des liens étroits avec les milieux professionnels. Cette accréditation prestigieuse, détenue par moins de 6 % des écoles de commerce dans le monde, atteste de la qualité de ses enseignements et de ses recherches.

La School of Arts & Creative Industries joue un rôle central dans la formation des futures générations de créateurs et de professionnelles et professionnels de la culture. Elle couvre un large éventail de disciplines – design, médias, journalisme, musique, cinéma et arts du spectacle – et encourage la collaboration interdisciplinaire. Ses étudiantes et étudiants bénéficient d’installations spécialisées et d’un ancrage fort dans les réseaux professionnels, favorisant leur insertion dans les industries créatives, secteur en plein essor à Édimbourg et en Écosse.

La School of Applied Sciences propose des formations orientées vers la biologie, la psychologie, la criminologie, le sport et l’enseignement. Sa vocation appliquée s’exprime à travers l’expérimentation en laboratoire, l’étude de terrain et des partenariats avec des organismes professionnels. Sa recherche couvre des enjeux sociétaux tels que la santé publique, l’environnement ou la sécurité, et vise à générer des impacts mesurables au niveau local, national et international.

La School of Computing, Engineering & the Built Environment constitue un pôle d’excellence reconnu, classé première université moderne du Royaume-Uni pour l’informatique et les sciences de l’ingénierie (GUG 2025). Ses domaines incluent l’intelligence artificielle, la cybersécurité, l’énergie renouvelable, l’architecture et le génie civil. Étroitement connectée aux industries, cette école aligne ses activités de recherche et d’enseignement avec les besoins émergents de la société et de l’économie. Elle illustre la capacité de l’université à anticiper les transformations technologiques et à préparer des diplômés capables de relever les défis de demain.

Enfin, la School of Health & Social Care se situe parmi les principaux acteurs de la formation en soins infirmiers, sages-femmes et professions de santé alliées en Écosse. Elle accueille plus de 3’400 étudiantes et étudiants et collabore avec de nombreux partenaires cliniques au Royaume-Uni et à l’international. Sa pédagogie repose sur une forte dimension interprofessionnelle, permettant aux étudiantes et étudiants de développer leurs compétences en coopération avec d’autres disciplines. La recherche y occupe une place majeure, avec des axes reconnus en santé cardiovasculaire, santé mentale, santé maternelle et organisation des services de santé.

Dans son ensemble, Edinburgh Napier University se définit comme une institution qui conjugue l’ancrage local et la reconnaissance internationale. Son engagement en faveur d’une éducation appliquée, personnalisée et connectée au monde professionnel en fait une université de référence pour les étudiantes et étudiants en quête de formation innovante et tournée vers l’avenir. Forte de ses trois campus, de ses cinq écoles et de ses 16 centres de recherche spécialisés, elle contribue activement au rayonnement académique, scientifique et économique d’Édimbourg et de l’Écosse.

Stratégie et développements futurs

Edinburgh Napier University[4] a défini une trajectoire claire pour renforcer son rôle dans l’enseignement supérieur en Écosse et à l’international. Sa nouvelle stratégie, Shaping our Future: Driving Distinctiveness, vise à consolider les acquis tout en accélérant la transformation. L’université place l’étudiant·e au centre, en s’appuyant sur un environnement d’apprentissage innovant et flexible qui favorise le développement personnel et professionnel. L’introduction du cadre ENhance Curriculum Framework permettra de revisiter et d’actualiser tous les programmes, afin d’assurer qu’ils répondent aux besoins du marché et aux attentes des étudiantes et étudiants de demain.

Le deuxième axe majeur concerne l’insertion professionnelle et l’accompagnement des carrières. L’université entend renforcer les parcours de formation appliqués, en particulier les Graduate Apprenticeships et l’apprentissage en entreprise, tout en développant les possibilités de mobilité, de stages et de reconversions. Une attention particulière est portée aux jeunes chercheurs et aux collaborateurs en début de carrière, qui bénéficieront d’un soutien accru pour construire leur trajectoire académique et professionnelle.

Sur le plan de la recherche et de l’innovation, l’ambition est de consolider les pôles d’excellence dans des domaines stratégiques : santé, environnement, intelligence artificielle et technologies, culture et communautés. Le lancement d’un Innovation Hub vise à rapprocher davantage les chercheurs, les entreprises, les pouvoirs publics et les alumni, en favorisant la création de partenariats et le transfert de savoirs. Cette dynamique doit accroître la capacité de l’université à générer des résultats visibles, tant en termes de publications que d’impact sociétal et économique.

Le développement international constitue un autre pilier essentiel. L’université projette d’ouvrir des centres internationaux avec des partenaires stratégiques, combinant enseignement, recherche et pratique professionnelle. Cette démarche vise à accroître sa visibilité sur la scène mondiale, à attirer davantage d’étudiantes et étudiants étrangers et à offrir à sa communauté des opportunités d’apprentissage et de recherche transnationales.

Enfin, la durabilité traverse l’ensemble de la stratégie. Edinburgh Napier University s’est fixé l’objectif ambitieux d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2030, en réduisant son empreinte directe mais aussi en influençant les pratiques durables de ses partenaires et de ses diplômé·es. Les investissements porteront à la fois sur les infrastructures, sur l’intégration des enjeux environnementaux dans les programmes, et sur le soutien à des recherches alignées sur les Objectifs de développement durable de l’ONU.

À travers ces orientations, l’université souhaite affirmer son identité : inclusive, appliquée, innovante et collaborative. En misant sur la qualité de l’enseignement, l’impact de la recherche et l’ouverture internationale, elle ambitionne de rester un acteur majeur dans la formation de professionnelles et professionnels qualifiés, tout en contribuant activement au développement économique, social et culturel de l’Écosse et au-delà.

Entretiens

Rencontre avec le Prof. Peter Andras

Le professeur Peter Andras, Doyen de la School of Computing, Engineering and the Built Environment, a présenté l’évolution de la School of Computing, Engineering and the Built Environment et son ancrage historique dans une formation appliquée et proche de l’industrie.

Il a rappelé que les programmes ont longtemps été directement pilotés par le secteur industriel et que cette orientation demeure centrale, bien qu’atténuée depuis le passage du « College » à « université » en 1992. Les cursus s’appuient sur des équipements de pointe et préparent les étudiantes et étudiants à l’emploi, que ce soit par la voie académique ou via des apprentissages (« apprenticeships ») intégrant une formation en entreprise. Plus de 150 apprentis suivent actuellement ce modèle.

Il a également détaillé les parcours académiques, marqués par des collaborations internationales (joint degrees avec l’Allemagne, l’Italie ou la Suisse, notamment avec Lucerne), et par une différenciation claire entre les « conversion masters » et les masters spécialisés destinés aux diplômés en ingénierie et informatique. Enfin, il a souligné l’importance de la cybersécurité comme domaine reconnu, ainsi que la flexibilité offerte aux étudiantes et étudiants dans la construction de leurs parcours.

Rencontre avec les professeur·es Kenneth Leitch et Achille Fonzone

La rencontre avec la professeure Kenneth Leitch, Responsable du recrutement des étudiant·es, et le professeur Achille Fonzone, SCEBE Research Degree Lead, a permis de mettre en évidence l’importance du recrutement étudiantin et le rôle central des partenariats internationaux, notamment avec la Chine. L’École accueille environ 600 étudiantes et étudiants dans des programmes spécifiques, dont près de 80 % issus de coopérations internationales. Les effectifs globaux s’élèvent à 2’600 étudiantes et étudiants en bachelor et 900 en master.

Les intervenant·es ont insisté sur l’importance des apprentissages intégrés (« undergraduate apprenticeships »), qui associent 50 % du temps en entreprise et 50 % à l’université, selon un cadre national reconnu. Ces dispositifs renforcent les liens avec l’industrie et facilitent l’employabilité des diplômés. L’enseignement est fortement orienté vers la pratique et repose sur de petits groupes, afin de favoriser l’engagement et la manipulation d’équipements spécialisés. Toutefois, ils ont aussi relevé les défis liés au maintien de disciplines exigeant une forte infrastructure, comme la chimie, et les échanges académiques entre universités.

Déjeuner de travail au Canny Man’s

Le déjeuner, en présence du Professeur Andras, de l’Associate Professor Leitch et de l’Associate Professor Adelaide Marzano, a permis d’approfondir les échanges sur les relations avec l’industrie et l’évolution des profils académiques. Il a été relevé que le passage accru vers le doctorat tend parfois à réduire les interactions directes avec le monde professionnel, d’où la nécessité de maintenir un équilibre entre l’expérience industrielle des enseignants et l’excellence académique. Les discussions ont également porté sur les perspectives de collaborations internationales, notamment avec les hautes écoles suisses.

Rencontre avec les professeur·es Adelaide Marzano et Neil Shearer

La rencontre avec les professeur·es Adelaide Marzano et Neil Shearer a mis en lumière la structuration des programmes d’ingénierie et de mathématiques. Les responsables ont décrit l’importance des projets appliqués, qui représentent entre 40 et 60 ECTS en fin de cursus, avec un lien direct aux problématiques industrielles. L’année terminale est ainsi centrée sur un projet de grande envergure.

Les difficultés rencontrées en mathématiques au début des études sont prises en charge par un dispositif renforcé de soutien, incluant des modules en ligne, des exercices générés par intelligence artificielle et un feedback immédiat grâce à des outils numériques. La pédagogie repose sur des études de cas, des démonstrations pratiques et l’intégration de stages longs, bien que leur organisation reste tributaire des attentes du marché du travail.

Visite des laboratoires et infrastructures de recherche

La visite avec le Professeur Keng Goh, School Lead for International Recruitment Partnerships & Student Mobility, a permis de découvrir les laboratoires de la School of Computing, Engineering and the Built Environment, notamment dans les domaines de la cybersécurité, de l’informatique appliquée et des technologies de l’information. Les infrastructures, comparables à celles d’une haute école spécialisée, sont mises à disposition tant pour les bachelors que pour les masters.
Le Professeur Goh a également évoqué les coopérations internationales, parmi lesquelles un lien étroit avec la Haute école de Lucerne dans le domaine du business informatique. Cette orientation confirme la volonté de l’université de renforcer ses réseaux internationaux tout en consolidant sa position de partenaire privilégié pour les entreprises locales et globales.

Analyse

Le développement des programmes en collaboration avec les milieux professionnels constitue une dimension centrale de l’approche d’Edinburgh Napier University. L’université a construit un modèle de formation qui intègre étroitement les entreprises, en particulier à travers les Graduate Apprenticeships. Ces cursus permettent aux étudiantes et étudiants de décrocher un diplôme universitaire tout en étant employés à plein temps, sans frais de scolarité, et en bénéficiant à la fois d’un mentor académique et professionnel. Les projets de fin d’études et les modules de pratique professionnelle sont conçus pour répondre aux besoins réels du marché, assurant ainsi une adaptation constante des programmes aux attentes du tissu économique. Cette orientation s’inscrit dans une tradition historique de collaboration avec l’industrie, aujourd’hui enrichie par une offre diversifiée dans l’ingénierie, l’informatique et la construction, qui place l’université au cœur des dynamiques de transfert technologique.

S’agissant de l’attractivité des formations en ingénierie, aucun problème majeur de recrutement n’a été relevé. L’université accueille un nombre croissant d’étudiants, attirés par la modernité des infrastructures, les liens solides avec les entreprises et la reconnaissance croissante de ses cursus. L’accent mis sur l’innovation pédagogique, la taille réduite des groupes de travail et l’utilisation de laboratoires à la pointe renforcent également l’intérêt des étudiantes et étudiants, ainsi que leur insertion professionnelle rapide.

La question de la formation courte versus les cycles longs illustre la flexibilité offerte par le système écossais. Le Bachelor with Honours sur quatre ans peut être suivi en formation classique ou dans le cadre d’un apprentissage, permettant d’alterner études et expérience professionnelle. Certains programmes intègrent directement le master (cinq ans), tandis que des masters d’une ou deux années viennent compléter l’offre pour celles et ceux qui souhaitent se spécialiser. Cette diversité permet de répondre à différents profils d’étudiants, qu’ils cherchent une intégration rapide dans le marché du travail ou une formation approfondie en ingénierie.

La flexibilité des formations se retrouve dans l’existence de modules optionnels, même si la structure des cursus reste globalement cadrée et comparable à celle observée dans d’autres pays européens. L’université propose des parcours modulables par le biais d’apprentissages, de placements en entreprise, d’échanges internationaux et de programmes conjoints, offrant ainsi des passerelles multiples pour adapter la trajectoire académique aux besoins individuels et professionnels.

Enfin, l’articulation entre enseignement et recherche demeure un pilier de la pédagogie. Les étudiantes et étudiants bénéficient d’une immersion dans les laboratoires et de l’utilisation de logiciels de simulation, ce qui favorise l’application concrète des savoirs théoriques. Les projets de dernière année, souvent liés à des problématiques industrielles, renforcent ce lien et garantissent une formation à la fois académique et pratique. Cette approche intégrée contribue à développer des compétences directement mobilisables et à préparer les diplômés à contribuer activement à l’innovation et au développement des entreprises.

ObjectifObservations
1. Développement des programmes en collaboration avec les milieux professionnels 
1.1 Analyser les stratégies adoptées pour intégrer des partenariats avec les entreprisesLes stratégies d’Edinburgh Napier University reposent sur une coopération étroite avec les entreprises, en particulier via les Graduate Apprenticeships. Ces dispositifs intègrent les employeurs dès la conception des cursus, garantissant une adéquation forte avec les besoins économiques.
1.2 Identifier les pratiques innovantes de co-construction répondant aux besoins du marchéLa co-construction se traduit notamment par des projets industriels encadrés, des mentors professionnels associés aux parcours et une intégration systématique des expériences en entreprise dans la validation académique.
2. Attractivité des formations en ingénierie 
2.1 Étudier les initiatives visant à renforcer l’attractivité des filières, notamment en lien avec l’employabilitéL’attractivité est renforcée par la modernité des infrastructures, la taille réduite des groupes et un fort taux d’employabilité des diplômés. L’approche professionnalisante constitue un atout majeur pour séduire de nouveaux publics.
2.2 Analyser les dispositifs mis en place pour attirer davantage d’étudiantes et d’étudiantsLes dispositifs d’attraction reposent sur la diversité des parcours proposés (apprenticeship, cursus intégrés, masters spécialisés) et sur des collaborations internationales, qui élargissent le vivier d’étudiantes et d’étudiants.
3. Formation courte versus cycles longs 
3.1 Comparer les programmes professionnalisants courts avec les filières classiques (5 ans)Les programmes courts professionnalisants (Bachelor of Honours en 4 ans) coexistent avec les parcours intégrés de 5 ans menant au master, offrant des alternatives selon les profils et ambitions.
3.2 Identifier les forces et limites des deux systèmes (flexibilité, employabilité, transfert de compétences)Les cursus courts favorisent l’employabilité rapide, tandis que les cycles longs renforcent la spécialisation et la recherche. Cette flexibilité permet de répondre à la fois aux besoins du marché et aux aspirations individuelles.
4. Flexibilité des formations 
4.1 Explorer les dispositifs favorisant la modularité : VAE, micro-certifications, parcours hybridesLa modularité se traduit par des options dans les cursus, des programmes hybrides et l’intégration de l’apprentissage en entreprise, qui ouvrent la voie à des parcours individualisés.
4.2 Étudier l’effet de ces dispositifs sur la réussite académique et les parcours individualisésCes dispositifs contribuent à la réussite académique en permettant d’adapter le rythme et la nature de la formation aux besoins des étudiantes et étudiants, tout en valorisant l’expérience professionnelle acquise.
5. Articulation entre enseignement et recherche 
5.1 Analyser des exemples de collaboration réussie entre enseignement et rechercheLes projets de fin d’études et l’utilisation des laboratoires sont conçus en lien avec les problématiques de recherche et les besoins industriels, favorisant une articulation concrète entre théorie et pratique.
5.2 Identifier les pratiques favorisant la participation des étudiantes et des étudiants à la recherche dès le bachelorDès le bachelor, les étudiantes et étudiants participent à des projets appliqués qui intègrent une dimension de recherche, renforçant leur capacité à analyser et résoudre des problèmes complexes.

Conclusion

La visite à Edinburgh Napier University a permis de mettre en évidence un modèle institutionnel particulièrement pertinent pour le domaine Ingénierie et Architecture de la HES-SO. L’université conjugue un ancrage historique fort avec une capacité d’innovation et d’adaptation aux besoins actuels du marché. Son orientation appliquée, renforcée par les Graduate Apprenticeships et les partenariats avec l’industrie, constitue un exemple de collaboration réussie entre le monde académique et socio-économique. Les échanges ont aussi montré l’importance d’une offre de formation diversifiée et flexible, qui s’adapte à la variété des profils étudiants et aux dynamiques du marché du travail. La recherche, intégrée dès le bachelor, complète ce dispositif et assure la pertinence scientifique des formations. Enfin, la stratégie institutionnelle tournée vers l’internationalisation, l’innovation pédagogique et la durabilité illustre la volonté d’Edinburgh Napier University de rester un acteur majeur de la transformation sociétale. Ces constats ouvrent des pistes de réflexion utiles pour le Conseil de domaine Ingénierie et Architecture, notamment en ce qui concerne le développement de l’apprentissage, l’articulation entre recherche et formation, et l’ancrage renforcé auprès des entreprises.

Remerciements

Je tiens à exprimer ma profonde gratitude au professeur Peter Andras, doyen des Schools of Computing and Engineering and the Built Environment, pour son accueil chaleureux et la qualité des échanges qui ont marqué cette visite. Son regard éclairé sur l’évolution des formations, la place des apprentissages et la relation avec les milieux professionnels a permis d’apporter un éclairage précieux sur les orientations stratégiques d’Edinburgh Napier University. Je souhaite également souligner le rôle essentiel de Madame Lynne Hainsworth, dont la disponibilité, l’efficacité et l’attention ont grandement facilité la préparation et le déroulement du programme de rencontres.

Mes remerciements vont aussi à Associate Professor Kenneth Leitch, Head of Student Recruitment, Professor Achille Fonzone, Research Degree Lead, ainsi qu’à Associate Professor Adelaide Marzano, Head of School of Engineering and Mathematics, et Associate Professor Neil Shearer, pour la richesse des discussions autour des programmes, de la recherche et des liens avec l’industrie. Enfin, je remercie Professor Keng Goh, School Lead for International Recruitment Partnerships & Student Mobility, qui a guidé la visite des laboratoires et partagé son expertise sur les coopérations internationales. Chacune et chacun, par leurs contributions, ont permis d’offrir une vision claire et stimulante du fonctionnement et des ambitions de l’université.

À toutes et à tous, un grand merci pour votre disponibilité, votre engagement et votre ouverture, qui témoignent de la vitalité de votre institution et de son ancrage dans les défis contemporains. Ces échanges nourriront assurément les réflexions du Conseil de domaine Ingénierie et Architecture de la HES⁠-⁠SO.


[1]      https://www.napier.ac.uk/about-us/our-history, consulté le 04.09.2025.

[2]      https://nationalapprenticeshipevents.co.uk/project/edinburgh-napier-university, consulté le 04.09.2025.

[3]      https://www.napier.ac.uk, consulté le 04.09.2025.

[4]      https://www.napier.ac.uk/about-us/our-strategy, consulté le 02.09.2025.