Résumé
L’Université de Turin (UniTo), fondée en 1404, constitue l’un des piliers historiques de l’enseignement supérieur italien. Forte de ses quelque 80’000 étudiantes et étudiants et d’une large couverture disciplinaire (à l’exception de l’ingénierie et de l’architecture, assurées par le Politecnico di Torino), UniTo s’inscrit dans une tradition académique marquée, fondée sur une logique de continuité du bachelor vers le master. Dans les domaines scientifiques notamment, la poursuite d’études jusqu’au master est quasi systématique, tant pour des raisons institutionnelles que professionnelles, en lien avec les systèmes de reconnaissance nationaux (registre des professions).
La visite a permis d’explorer quatre départements représentatifs des dynamiques de l’université : sciences du vivant, informatique, chimie et sciences agricoles et alimentaires. Ces échanges ont mis en lumière l’excellence de la recherche, l’intensité des collaborations industrielles (en particulier dans les départements de chimie et d’agriculture), et un engagement fort envers les enjeux sociétaux, que ce soit par des actions de diffusion du savoir, de vulgarisation scientifique ou de participation à des projets européens. UniTo joue également un rôle moteur dans l’alliance universitaire européenne UNITA, qu’elle coordonne, et dans laquelle la HES-SO est partenaire.
Les formations sont structurées selon un modèle académique classique, avec peu de modularité ou de parcours professionnalisants courts – à l’exception notable de la filière viticulture et œnologie. L’internationalisation est toutefois bien présente, avec des cours en anglais, des doubles diplômes, des mobilités étudiantes et doctorales, et une ouverture affichée à de nouvelles coopérations, notamment avec les hautes écoles suisses. La question du décrochage en première année, bien que significative, ne semble pas encore faire l’objet de stratégies ciblées.
En somme, UniTo illustre l’équilibre entre héritage universitaire, engagement sociétal et ambition européenne. Sa structuration interne et son positionnement scientifique en font un partenaire académique crédible et stable pour de futurs échanges ou projets conjoints, notamment dans le cadre de l’alliance UNITA.
Contexte de l’université
L’Unité de Turin (UniTo) a été fondée en 1404 sous l’impulsion du pape Benoît XIII et du prince Ludovico de Savoie-Acaja. Elle est l’une des plus anciennes universités d’Italie. Son développement a été marqué par des interruptions liées aux crises sanitaires et politiques régionales, notamment des déplacements à Chieri et Savigliano au XVème siècle. De retour à Turin en 1436, l’université devient progressivement un outil stratégique au service du pouvoir, notamment sous l’action de Vittorio Amedeo II, qui en 1720 lance une réforme des études visant à former une élite administrative moderne. Elle connaît une expansion notable au XIXème siècle, devenant un centre intellectuel majeur du positivisme italien, avant d’incarner au XXème siècle un foyer important de l’antifascisme.
Aujourd’hui, UniTo accueille environ 80’000 étudiantes et étudiants répartis sur plus de 120 sites à Turin et dans le Piémont. Elle couvre la quasi-totalité des disciplines académiques à l’exception de l’ingénierie et de l’architecture, domaines assurés par le Politecnico di Torino. Contrairement à l’université de Brescia, UniTo ne propose pas de filières professionnalisantes courtes, mais reste fidèle au modèle universitaire classique avec des parcours organisés en bachelor et master, la grande majorité des étudiantes et étudiants poursuivant jusqu’au niveau master.
UniTo se distingue par une forte implication dans la recherche, notamment dans les domaines de la médecine, des nanotechnologies, des biotechnologies, de la conservation, des sciences sociales et politiques, ainsi que de l’économie. Elle offre également des formations uniques en Italie, comme la stratégie militaire ou la restauration du patrimoine. L’université valorise son patrimoine scientifique et culturel par un réseau de musées, bibliothèques et jardins botaniques. Enfin, UniTo s’engage activement dans les enjeux sociétaux (écologie, inclusion, santé publique) et à l’international, à travers de nombreux partenariats académiques, notamment dans le cadre de l’alliance européenne UNITA qu’elle coordonne.
Entretiens
Entretien au sein du département Life Sciences and Systems Biology
La première rencontre a eu lieu au sein du département Life Sciences and Systems Biology. L’entretien s’est tenu en présence de la professeure Alessandra Fiorio Pla, vice-rectrice à l’éducation internationale, de la professeure Silvia Perotto, directrice adjointe du département, et de la professeure Giovanna Di Nardo, responsable du programme de master. Les discussions ont porté sur la structuration des études dans le domaine des sciences du vivant, l’internationalisation des formations, ainsi que sur l’intégration des étudiant·e·s dans les projets de recherche et les collaborations internationales.
La rencontre a permis de mieux comprendre les spécificités d’une institution marquée par une tradition académique forte, où la formation est pensée dans une logique de continuité sur cinq ans, avec un enchaînement quasi systématique du bachelor au master. En effet, dans les domaines des sciences naturelles et de la biologie, la quasi-totalité des étudiantes et étudiants poursuivent jusqu’au master, non seulement par choix mais aussi en raison de la structuration nationale du système de qualification professionnelle. Cette continuité serait en partie liée à l’inscription de certaines professions sur un registre national, nécessitant un master pour l’habilitation, comme c’est le cas pour les biologistes (niveau A et B). Toutefois, certains masters – comme ceux liés à la géologie ou aux sciences de l’alimentation – ne semblent pas concerner des professions réglementées, ce qui pose la question du degré réel de contrainte.
Sur le plan académique, l’université compte environ 81’700 étudiantes et étudiants, dont près de 5’000 internationaux, avec une offre de 27 programmes enseignés en anglais et plus de 30 doubles diplômes. L’université est très impliquée dans les réseaux européens (Erasmus, UNITA, Scholars at Risk, etc.), avec une politique ambitieuse en matière de mobilité et d’intégration européenne, comme en témoigne sa participation active au consortium UNITA. L’offre de master est très développée, avec une large variété de programmes interdisciplinaires, notamment en biologie cellulaire, biotechnologie industrielle, sciences environnementales, ou encore sciences des aliments et nutrition (en lien avec la médecine).
La recherche y occupe également une place importante, avec plus de 1’400 projets en compétition, 44 brevets et près de 13 millions d’euros de fonds tiers pour l’année 2022. Plusieurs dispositifs témoignent d’un engagement actif envers la société : observatoires permanents, forums scientifiques ou encore partenariats territoriaux.
En ce qui concerne la mise en place d’un double diplôme, l’équipe rencontrée a insisté sur la nécessité d’une stricte équivalence entre les programmes des deux institutions, aussi bien en termes de contenus que de crédits (1:1). Cette exigence semble liée à une interprétation rigoureuse des contraintes institutionnelles et légales italiennes. Une telle posture contraste avec l’attitude plus flexible observée à l’UNI Brescia, où la reconnaissance mutuelle semblait plus pragmatique.
Enfin, même si l’université développe des cours liés aux technologies et à la robotique, elle ne propose pas de filières d’ingénierie – ces dernières étant du ressort du Politecnico di Torino. Ce découpage institutionnel renforce l’orientation « universitaire » au sens classique du terme de l’Université de Turin, centrée sur le savoir, la recherche fondamentale et une logique de formation académique longue.
Entretien au sein du département d’informatique>
La rencontre avec la Prof. Lavinia Chiara Tagliabue, du Département d’informatique, a eu lieu en ligne suite à une récente fracture au bras droit. La professeure est architecte de formation, vivant à Milan, et spécialiste des bâtiments intelligents (smart buildings) et de l’efficacité énergétique. elle a tenu à maintenir notre rencontre, témoignant de son grand engagement.
Ses activités de recherche sont nombreuses, ancrées dans l’interdisciplinarité entre l’informatique, la construction et les sciences sociales. Elle travaille notamment sur l’utilisation du BIM et sur des modèles énergétiques appliqués au confort des usagers dans les bâtiments universitaires, avec une couverture de plus de 120 bâtiments répartis dans la région. Ces modèles sont intégrés à une plateforme numérique de gestion de l’énergie, combinant données physiques et ressentis utilisateurs.
Parmi ses projets phares figure un système de gestion numérique (Digital Model Management System), incluant des technologies telles que la blockchain pour le suivi des appels d’offre dans la construction, ainsi qu’un centre européen de calcul de données pour l’efficacité énergétique. Elle explore aussi des solutions technologiques innovantes pour la captation et la redirection de la chaleur là où elle est nécessaire, dans une logique d’optimisation énergétique.
L’un de ses axes majeurs est l’étude de l’espace numérique au service des usagers (open cities), croisant les champs de l’interaction humaine, de la science des données et de l’urbanisme durable. Elle s’intéresse à la dimension sociale et environnementale de la durabilité, dans une perspective transversale mêlant science informatique, architecture et sciences humaines.
Elle a également participé à plusieurs grants créatifs, alliant art, ville et réalité virtuelle, avec pour objectif d’amener les citoyennes et citoyens à dialoguer sur les usages urbains et la durabilité. Ces projets incluent la création d’événements dans l’espace public, explorant l’impact émotionnel et comportemental de l’environnement virtuel sur les personnes.
Membre active de l’alliance UNITA, elle participe notamment à la cartographie des projets de recherche du département et est impliquée dans un événement de mise en relation (matching) à venir. Elle a mentionné l’importance de renforcer le lien avec les acteurs industriels et les ordres professionnels, notamment celui des architectes dont elle fait partie.
Un projet structurant est en préparation pour la conférence EC-3 (European Conference on Computing in Construction) à Porto en 2025, où elle est membre du comité scientifique (thématique « digital data »). Un appel à communications est en cours, et une école d’été est envisagée dans ce cadre.
Entretien au sein du département de chimie
La visite du Département de chimie a permis de mieux comprendre l’organisation de cette entité fortement structurée autour de la recherche, du transfert technologique et de la formation, dans un contexte marqué par des enjeux interdisciplinaires et une volonté affirmée d’internationalisation.
La rencontre a réuni plusieurs membres clés du département :
- Prof. Lorenza Operti, directrice du département
- Prof. Paola Calza
- Prof. Laura Anfossi, directrice adjointe pour l’enseignement
- Prof. Claudia Barolo, directrice adjointe pour la recherche
- Prof. Pierangiola Bracco, enseignante de première catégorie
- Prof. Valter Maurino, enseignant à plein temps, responsable du transfert technologique
- Prof. Maria Cristina Paganini, enseignante à plein temps
Le département est très engagé dans le transfert de connaissances et la collaboration avec les secteurs publics et privés. Il coordonne ou participe à plus de 20 projets européens en cours, dont 5 Marie Curie, et environ 80 projets nationaux dans le cadre du PNRR (Plan national de relance et de résilience). Le secteur privé finance chaque année entre 2 et 3 millions d’euros, représentant 30 à 40 % du budget hors PNRR.
On compte également trois spin-offs et un laboratoire conjoint dans le secteur automobile, ainsi qu’une centaine de contrats actifs. Les collaborations industrielles sont multiples (Stellantis, A2A, Vishay, etc.) et s’appuient sur des expertises en environnement, matériaux, chimie verte, etc.
Les collaborations sont structurées selon trois types de contrats :
- Services (sans normes – IP transférée à l’entreprise)
- Développements (IP détenue par l’entreprise)
- Recherche innovante (IP partagée)
Le département se distingue par son approche orientée vers l’application, allant de la résolution de problèmes à la recherche de base, en passant par le développement de nouvelles méthodes et technologies validées.
Le département forme actuellement 1’600 étudiantes et étudiants. Le bachelor, commun durant les deux premières années, permet une spécialisation en troisième année dans différents domaines : chimie, technologies chimiques, science des matériaux. L’approche pédagogique combine théorie et pratique (400 heures de laboratoire), avec un taux de poursuite au master de 90 à 95 %, malgré un taux d’abandon significatif en première année.
Le master est structuré autour de plusieurs spécialités :
- Chimie
- Chimie industrielle
- Chimie de l’environnement (avec santé et sécurité)
- Chimie clinique, médico-légale, alimentaire
- Science des matériaux (en anglais, avec une ouverture internationale)
Les parcours sont personnalisables, avec 4 cours obligatoires et le reste modulable. Des stages sont parfois réalisés entre bachelor et master. Le département est également impliqué dans des programmes doctoraux ouverts à l’international, avec des collaborations en Europe, Asie et Amérique.
Le département est très actif dans les programmes de mobilité : Erasmus+ pour tous les niveaux, double diplômes, accueil de doctorant·es étrangers. Un programme de master international (MaMaSELF) permet une mobilité dans plusieurs universités partenaires (Montpellier, Rennes, etc.), avec un financement combiné Erasmus+ et MaMaSELF (environ 36’000 € par étudiant·e).
Des partenariats avec la HES-SO, notamment pour accueillir des doctorant·es est explicitement mentionné comme « ouvert ».
La visite s’est déroulée dans l’actuel bâtiment du département de chimie, situé au sud-est de Turin. Celui-ci regroupe trois à quatre anciennes maisons, dont une maison de maître. Un nouveau groupe de bâtiments est actuellement en construction à Grugliasco, dans la périphérie de Turin, pour accueillir à terme le département de chimie et d’autres unités académiques. Les laboratoires visités sont modernes et bien équipés, avec notamment un spectromètre RMN 800 MHz et un système HPLC-MS acquis dans le cadre d’un projet ERC. Les activités pratiques sont organisées en deux groupes d’étudiantes et d’étudiants, répartis entre matinée et après-midi.
En conclusion, le Département de chimie de l’Université de Turin se caractérise par un fort ancrage dans la recherche et l’innovation, en lien avec l’industrie. Son positionnement multidisciplinaire et sa politique d’ouverture à l’international renforcent sa capacité à former des chimistes dans un cadre exigeant, tout en promouvant des interactions avec les autres disciplines et avec la société. Le département pourrait constituer un partenaire de choix dans le cadre de collaborations européennes ou d’échanges UNITA.
Entretien au sein du département Agricultural, Forest, and Food Sciences
La visite du département Agricultural, Forest, and Food Sciences (DISAFA) s’est déroulée en présence des professeurs Michele Freppaz, Elio Dinuccio et Luciana Tavella. Le département est l’un des plus étendus de l’Université de Turin, tant par ses domaines d’expertise que par l’ampleur de ses infrastructures.
Avec plus de 2’000 étudiantes et étudiants, 136 professeur·es, 5 formations de bachelor et 7 de master, le département couvre un large spectre des sciences agricoles, forestières, alimentaires et environnementales. Il s’appuie sur une forte spécialisation disciplinaire avec des applications concrètes dans les domaines de l’environnement, de l’alimentation humaine et animale.
Les formations se déroulent sur plusieurs sites dans la région : Grugliasco, Asti, Alba (notamment à partir de la 2e année pour la viticulture et l’œnologie), ainsi que Cuneo pour les sciences alimentaires. Le bachelor suit une structure classique avec 1 ECTS équivalant à 10 heures de cours et 15 heures de travail personnel. L’enseignement est en présentiel, avec une part limitée (maximum 10 %) de cours en ligne.
Parmi les bachelors, la filière en Viticulture et Œnologie est particulièrement sélective, avec un nombre restreint de places (environ 70 étudiantes et étudiants par an), en raison des contraintes liées aux laboratoires. Une proportion importante des diplômé·es de bachelor trouve un emploi à l’issue de ce cycle, sans forcément poursuivre au niveau master.
L’un des programmes originaux proposés est le bachelor Science and Technology for Mountains, enseigné en italien et réalisé en collaboration avec des partenaires de l’alliance UNITA, notamment dans le cadre d’un BIP (Blended Intensive Programme) avec les universités de Saragosse et de Pau.
Les programmes de master sont diversifiés et incluent notamment des doubles diplômes pour le programme Agricultural Science en partenariat avec l’Université de Clermont-Ferrand (France) et Yamagata University (Japon), pour le programme Plant Biotechnology avec le programme Landscape Architecture ainsi que le programme interuniversitaire avec les universités de Gênes et du Polytechnique de Turin.
Le programme Food Science and Technology et enseigné en anglais. Le programme Viticulture and Enology attire une vingtaine d’étudiantes et d’étudiants de Chine.
La recherche est très développée au sein du département, avec un ensemble d’infrastructures impressionnant réparties sur plusieurs bâtiments. DISAFA dispose de 12 ha de terrains expérimentaux, 1’500 m² de serres, 42 laboratoires monodisciplinaires, 12 infrastructures de recherche et 7 centres expérimentaux. L’approche va de la production agricole jusqu’au consommateur final, dans une logique de chaîne de valeur complète. Le site en.disafa.unito.it fournit une vue d’ensemble des infrastructures.
La recherche est fortement financée par des projets de tiers, avec un équilibre entre fonds régionaux, nationaux et européens. Le département offre également des prestations de service pour l’industrie sur certains équipements, avec une structure tarifaire externalisée et la désignation de technicien·nes responsables pour chaque plateforme.
La visite des laboratoires a permis de découvrir plusieurs installations de pointe :
- Une halle de test pour pulvérisateurs agricoles, permettant de reproduire des conditions contrôlées de traitement avec des machines agricoles du marché.
- Un laboratoire d’analyse de la dispersion (taille des gouttes, couverture, etc.) incluant un robot d’échantillonnage.
- Un laboratoire de mécatronique dédié aux tracteurs autonomes, intégrant le guidage par GPS et l’usage de drones.
- Une plateforme de cartographie végétale.
- Un laboratoire d’entomologie spécialisé dans le traitement des insectes invasifs, avec des recherches ciblées pour limiter leur impact sur la faune locale.
Un tout nouveau laboratoire d’analyse de la croissance des plantes, financé dans le cadre d’un programme national pour les laboratoires d’excellence. Celui-ci permet de mesurer la croissance de plantes en environnement contrôlé, avec des prises d’image en lumière visible, infrarouge et UV, et l’intégration de balances pour mesurer l’évapotranspiration.
L’ensemble de ces installations témoigne d’une approche systémique et intégrée, au service tant de la recherche fondamentale que des applications concrètes dans les domaines agricoles et alimentaires. Le département incarne un exemple fort d’agronomie moderne et de gestion durable
Analyse
L’Université de Turin (UniTo) se présente comme une institution historique fortement ancrée dans une logique académique classique. Les formations y sont conçues majoritairement sur un modèle de cinq ans (bachelor + master), avec une très forte continuité entre les deux cycles, en particulier dans les domaines scientifiques. La recherche occupe une place centrale dans l’activité du corps professoral, et la participation des étudiantes et des étudiants aux projets scientifiques est largement encouragée, pratiquement exclusivement à partir du master.
Les partenariats avec les entreprises sont bien présents, comme par exemple dans les départements de chimie et Agricultural, Forest, and Food Sciences visités, avec de nombreux contrats actifs, des spin-offs, des prestations de service, ou encore des projets européens. Toutefois, la logique de co-construction des programmes avec les milieux professionnels reste marginale, à l’exception notable de la viticulture et de l’œnologie.
L’université affiche une attractivité solide, avec une population étudiante importante, même si les chiffres ne sont pas en croissance et que le taux de décrochage en première année reste élevé. L’approche pédagogique demeure centrée sur les savoirs disciplinaires, avec peu de dispositifs de modularité ou de flexibilisation des parcours. Le lien avec la Cité est en revanche très développé, avec des musées, des conférences publiques, et un fort engagement de l’université dans des activités culturelles ou de vulgarisation scientifique.
Objectif | Observations |
1. Développement des programmes en collaboration avec les milieux professionnels | |
1.1 Analyser les stratégies adoptées pour intégrer des partenariats avec les entreprises | Stratégies bien établies dans les domaines appliqués comme la chimie ou l’agriculture. Nombreux contrats de recherche, spin-offs, projets européens, partenariats industriels. Approche souvent orientée recherche plutôt que co-construction de programme. |
1.2 Identifier les pratiques innovantes de co-construction répondant aux besoins du marché | Peu de pratiques identifiées de co-construction pédagogique, sauf dans certains cas comme la viticulture/œnologie. La logique de construction des programmes reste très académique. |
2. Attractivité des formations en ingénierie | |
2.1 Étudier les initiatives visant à renforcer l’attractivité des filières, notamment en lien avec l’employabilité | Offre variée de masters et forte participation à des programmes internationaux. Certaines formations sont enseignées en anglais. Recherche appliquée soutenue. Taux d’employabilité élevé en viticulture/œnologie. |
2.2 Analyser les dispositifs mis en place pour attirer davantage d’étudiantes et d’étudiants | Engagement public marqué (musées, actions scolaires, événements). Pas de dispositif structuré pour améliorer le taux d’entrée ni pour réduire le décrochage. |
3. Formation courte versus cycles longs | |
3.1 Comparer les programmes professionnalisants courts avec les filières classiques (5 ans) | Très peu de programmes professionnalisants courts. La plupart des étudiantes et étudiants poursuivent jusqu’au master. L’exception est la viticulture/œnologie avec un bachelor professionnalisant reconnu. |
3.2 Identifier les forces et limites des deux systèmes (flexibilité, employabilité, transfert de compétences) | Le système académique long est bien structuré, mais peu flexible pour certain département et beaucoup plus flexible pour d’autres. Bon niveau d’employabilité dans certaines filières, mais la professionnalisation reste limitée au bachelor. |
4. Flexibilité des formations | |
4.1 Explorer les dispositifs favorisant la modularité : VAE, micro-certifications, parcours hybrides | – |
4.2 Étudier l’effet de ces dispositifs sur la réussite académique et les parcours individualisés | – |
5. Articulation entre enseignement et recherche | |
5.1 Analyser des exemples de collaboration réussie entre enseignement et recherche | Présence d’un lien fort entre enseignement et recherche, en particulier au niveau master. Programmes interdisciplinaires. Laboratoires bien équipés. |
5.2 Identifier les pratiques favorisant la participation des étudiantes et des étudiants à la recherche dès le bachelor | Participation progressive via les travaux de laboratoire, mais la vraie implication dans la recherche semble réservée aux cycles supérieurs. |
Conclusion
La visite de l’Université de Turin a permis de découvrir une institution académique ancienne et prestigieuse, solidement ancrée dans le modèle universitaire européen classique. Largement structurée autour de la continuité bachelor-master, l’offre de formation repose sur des cursus longs, dans lesquels la professionnalisation intervient principalement au niveau du master. À l’exception notable de la filière en viticulture et œnologie, la plupart des programmes rencontrés visent la poursuite d’études, et très peu d’étudiantes ou d’étudiants s’arrêtent au niveau bachelor.
L’Université de Turin affiche une forte légitimité scientifique, avec une intensité de recherche marquée dans les départements visités (chimie, sciences agricoles, biologie), un engagement dans de nombreux projets européens et des collaborations industrielles bien établies. Les liens avec le tissu économique se traduisent par des spin-offs, des laboratoires partagés ou encore des services rendus aux entreprises, en particulier dans les sciences de la nature, la chimie et les technologies agroalimentaires. Toutefois, ces collaborations ne semblent pas encore structurées autour de logiques de co-construction de cursus ou de formations hybrides.
L’attractivité de l’université reste stable, mais le phénomène de décrochage en première année est un sujet notoire, évoqué sans inquiétude majeure. Ce constat souligne la place accordée au modèle académique plutôt qu’à la réussite individuelle ou à la modularité des parcours. Les dispositifs favorisant la personnalisation des études, tels que les parcours à temps partiel, les micro-certifications ou la validation des acquis, sont absents ou marginaux. La souplesse reste limitée dans les formations, ce qui reflète une organisation plus traditionnelle, centrée sur la transmission du savoir et la recherche.
Enfin, l’université montre un engagement remarquable dans ses relations avec la société : musées universitaires, actions culturelles, conférences publiques, événements scolaires. Cette mission de diffusion du savoir témoigne d’un ancrage profond dans la cité. En parallèle, l’Université de Turin s’investit activement dans les réseaux internationaux, notamment à travers l’alliance UNITA, et dans la structuration de projets européens de mobilité et de recherche. Cette ouverture constitue un levier important pour favoriser des échanges futurs, tant au niveau institutionnel qu’au niveau des formations.
Remerciements
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude aux personnes et institutions qui ont rendu possible cette visite à l’Université de Turin dans le cadre de mon congé scientifique.
Mes sincères remerciements vont tout d’abord au bureau UNITA de l’Université de Turin et en particulier à Monsieur Giovanni Andriolo pour leur précieux soutien dans l’organisation logistique de cette semiaine, ainsi que pour les mises en relation facilitées dans le cadre de mon programme de visites européennes.
Première visite :
- Prof. Alessandra Fiorio Pla, Vice-Rector for International Education
- Prof. Silvia Perotto, Deputy Head of the Department of Life Sciences and Systems Biology
- Prof. Giovanna Di Nardo, Head of the Master
Deuxième visite :
- Prof. Lavinia Chiara Tagliabue <laviniachiara.tagliabue@unito.it>; Associate Professor of Production and Management of Built Environment
Troisième visite :
- Prof. Lorenza Operti, directrice du département
- Prof. Paola Calza
- Prof. Laura Anfossi, directrice adjointe pour l’enseignement
- Prof. Claudia Barolo, directrice adjointe pour la recherche
- Prof. Pierangiola Bracco, enseignante
- Prof. Valter Maurino, responsable du transfert technologique
- Prof. Maria Cristina Paganini, enseignante
Quatrième visite :
- Prof. Michele Freppaz
- Prof. Elio Dinuccio
- Prof. Luciana Tavella
À toutes et à tous, un grand merci pour votre accueil, votre générosité et la richesse des discussions partagées. Ces rencontres ont nourri de nombreuses pistes de réflexion et ouvriront, je l’espère, des perspectives de collaboration future entre nos institutions.rapport à venir)