Résumé

Située au cœur de l’espace alpin et transfrontalier franco-suisse-italien, l’Université Savoie Mont Blanc (USMB) se positionne comme un établissement de taille intermédiaire dynamique, à la fois universitaire et professionnalisant. Avec plus de 14 000 étudiantes et étudiants répartis sur trois campus et une forte proximité avec les milieux économiques régionaux, l’USMB incarne une université ancrée dans son territoire, mais résolument tournée vers l’Europe et l’international, notamment à travers son rôle moteur dans l’alliance universitaire européenne UNITA.

La visite institutionnelle a permis d’identifier plusieurs caractéristiques fortes : un engagement stratégique sur les enjeux de transition environnementale, sociétale et numérique ; une politique volontariste d’interdisciplinarité et de lien formation-recherche, notamment au sein des masters ; une attention affirmée aux compétences transversales (soft skills) et à la personnalisation des parcours.

L’USMB articule avec finesse formations professionnalisantes courtes (BUT, licences professionnelles) et parcours plus académiques (masters, écoles d’ingénieurs), dans une logique de continuité des apprentissages. L’accompagnement des étudiantes et étudiants est renforcé par des dispositifs de remédiation et des actions ciblées de soutien à la réussite. En parallèle, les partenariats avec les entreprises sont nombreux, portés par des structures telles que le Club des entreprises ou la Fondation USMB, et se traduisent par des projets concrets, des formations en alternance et un fort taux d’insertion dans certaines filières.

Sur le plan de la recherche, l’USMB bénéficie d’une reconnaissance nationale et internationale, avec une production scientifique notable dans plusieurs domaines, et des laboratoires largement impliqués dans des projets collaboratifs ou financés par des acteurs économiques. L’approche en « hubs de recherche » permet d’aborder les défis contemporains de manière systémique et interdisciplinaire.

Les échanges avec les vice-présidences ont enfin mis en lumière des pistes concrètes de collaboration, notamment autour de la double diplomation, de la formation continue et des masters interdisciplinaires. Ce positionnement stratégique fait de l’USMB un partenaire naturel pour la HES⁠-⁠SO dans le cadre de projets communs, en particulier au sein du réseau UNITA.

Contexte de l’Université

Située entre Lyon et Grenoble, aux frontières de la Suisse et de l’Italie, l’Université Savoie Mont Blanc[1] (USMB) est un acteur majeur du développement intellectuel, culturel, économique et social de son territoire. Implantée sur deux départements – la Savoie et la Haute-Savoie – l’USMB dispose de quatre sites principaux : les campus du Bourget-du-Lac, d’Annecy et de Jacob-Bellecombette, ainsi que la Présidence à Chambéry.

L’histoire de l’USMB s’ancre dans une tradition éducative ancienne, initiée dès 1834 grâce au legs de Jean-Baptiste Marcoz. Après plusieurs évolutions institutionnelles, elle acquiert le statut d’université en 1979 sous le nom d’Université de Savoie, puis adopte en 2015 son nom actuel, affirmant son identité régionale et son rayonnement alpin. Membre fondatrice de l’alliance européenne UNITA, elle participe à la construction d’une université transnationale fondée sur la coopération entre institutions localisées en zones montagneuses et frontalières.

L’USMB se définit comme une université de recherche et de professionnalisation, fortement ancrée dans son territoire, résolument européenne et ouverte sur le monde. Elle articule ses missions autour de trois grandes thématiques : les interactions Homme-environnement, les services et industries du futur, et le patrimoine culturel et les sociétés en mutation. Ces orientations se concrétisent par une politique volontariste de soutien à la recherche, à l’innovation pédagogique, à l’interdisciplinarité, et à la coopération avec les acteurs socioéconomiques locaux.

Ses valeurs fondatrices reposent sur la fidélité à son histoire et son territoire, l’humanisme, la solidarité, le respect de l’environnement, la démocratie universitaire, l’esprit critique et l’ouverture internationale. L’établissement affirme son engagement qualité et poursuit une démarche d’amélioration continue au service de ses étudiantes, étudiants, personnels et partenaires.

Enfin, l’USMB s’appuie sur un réseau dense d’acteurs : elle collabore avec le CNRS, l’INRAE, le CEA ou encore le CERN, et participe à plusieurs pôles de compétitivité. Sa Fondation partenariale et son Club des entreprises jouent un rôle essentiel dans la professionnalisation de ses étudiantes et étudiants et dans le soutien à l’innovation.

Les chiffres-clés actuels (2023) sont :

  • 14 320 étudiantes et étudiants
  • 265 doctorantes et doctorants
  • 7 UFR, écoles et instituts
  • 3 départements structurants (APPRENDRE, ACCENTS, Institut des Transitions)
  • 18 laboratoires de recherche dont 11 unités mixtes
  • 1 Fondation universitaire
  • 1 Club des entreprises

Entretien

La visite à l’Université Savoie Mont Blanc (USMB) a permis un riche échange avec le Professeur Nicolas Méger, vice-président à l’international, et la Professeure Claire Salmon, vice-présidente de l’interdisciplinarité et du lien formation-recherche, au cours d’un entretien de deux heures. La discussion s’est poursuivie de manière plus informelle lors d’un repas auquel participaient également le Professeur Méger et le Professeur Adrien Badel, directeur de l’école d’ingénieur Polytech Annecy-Chambéry.

L’entretien a porté sur les spécificités du système universitaire français, notamment autour de l’évolution récente du DUT (Diplôme universitaire de technologie) vers le BUT (Bachelor universitaire de technologie). Cette transformation vise à intégrer les parcours professionnalisants dans une logique LMD tout en renforçant la lisibilité du diplôme à l’international. Les IUT accueillent aujourd’hui un public plus large, avec une part croissante de bacheliers technologiques. Le modèle est pensé comme une alternative aux classes préparatoires ou aux licences générales, offrant à la fois une insertion professionnelle possible à bac+3 et un tremplin vers les écoles d’ingénieur ou les masters universitaires. Toutefois, une majorité d’étudiantes et d’étudiants poursuit désormais des études longues, souvent en raison de l’attractivité des masters professionnalisants, notamment en alternance.

Les discussions ont également porté sur les transformations en cours dans l’offre de formation continue. L’USMB a développé une expertise dans l’accompagnement des publics en reprise d’études, notamment grâce à l’expérience de double diplôme franco-suisse menée pendant près de quinze ans avec l’Université de Genève. Ce dispositif combinait un master français et un Diplôme d’études avancées (DAS) côté suisse, en mobilisant les outils de VAE (validation des acquis de l’expérience) ou VAP (validation des acquis professionnels). Cette dynamique de formation tout au long de la vie reste un axe stratégique, bien que certains programmes aient été suspendus ces dernières années faute de renouvellement de partenariat. Un intérêt a été exprimé pour relancer une réflexion dans ce domaine, en particulier dans le cadre d’un éventuel double diplôme MScBA avec la HES-SO et l’alliance UNITA.

L’un des volets les plus marquants de la rencontre concerne la politique volontariste de l’USMB en matière d’interdisciplinarité. À travers l’intégration de modules transversaux dans les formations de master (18 ECTS sur 120), l’université cherche à outiller les étudiantes et étudiants pour faire face aux enjeux complexes liés aux transitions (environnementales, numériques, sociétales). Ces modules abordent les grands défis à travers des approches systémiques, par exemple en croisant droit de l’environnement et sobriété numérique. Une attention particulière est portée au développement des soft skills : gestion de crise, coopération interdisciplinaire, esprit critique. Ces approches pourraient faire l’objet d’échanges de bonnes pratiques ou de projets conjoints avec la HES-SO, notamment dans le cadre de BIP ou d’écoles d’été UNITA.

Sur le plan du lien enseignement-recherche, les personnes rencontrées ont souligné l’importance de mieux intégrer la recherche dans les formations dès le bachelor, y compris dans les IUT, tout en maintenant un haut niveau d’engagement scientifique dans les laboratoires. L’USMB dispose de 18 laboratoires de recherche, dont 11 unités mixtes, et bénéficie d’un fort ancrage régional. La Fondation USMB soutient plusieurs chaires liées aux transitions (risques naturels, tourisme durable, chimie verte) et permet un financement complémentaire pour l’encadrement de thèses ou le développement de projets avec les acteurs du territoire.

Des éléments intéressants ont aussi été évoqués concernant le suivi des étudiantes et étudiants. L’université déploie des dispositifs pour limiter le décrochage (accompagnement personnalisé, remédiation, dispositifs « seconde chance »), en particulier dans les premières années de licence et les BUT. Des initiatives telles que l’affectation à un référent, des modules de remobilisation ou des unités d’enseignement transversales témoignent d’une attention portée à la réussite et à l’insertion.

Enfin, plusieurs pistes de collaboration ont émergé : partage de modules ou de ressources dans le cadre de programmes communs, co-développement de parcours intégrant l’interdisciplinarité, échanges d’expertise dans la conception de modules en lien avec les transitions, ou encore développement de partenariats bilatéraux autour de formations continues. L’ouverture d’un dialogue entre les responsables des masters à la HES-SO et les interlocuteurs de l’USMB semble à encourager dans cette perspective.

Analyse

L’Université Savoie Mont Blanc se distingue par une articulation étroite entre formation et territoire. Sa proximité avec les milieux professionnels, notamment à travers son IUT, Polytech, l’IAE ou encore sa Fondation, permet une intégration naturelle des besoins économiques dans ses cursus. Le lien avec les entreprises est très fort, qu’il s’agisse de stages, d’alternance, de formations coconstruites ou encore de recherche appliquée en lien avec des laboratoires ou chaires. Des initiatives innovantes comme les formations en alternance (notamment en BUT), les projets de fin d’études orientés vers des problématiques territoriales, ou encore la mobilisation de praticien·nes dans les enseignements témoignent d’une volonté de coller aux besoins concrets du marché.

L’attractivité des formations repose également sur une stratégie affirmée, combinant excellence académique, proximité avec l’emploi et innovation pédagogique. Le modèle du BUT (Bachelor universitaire de technologie) a permis de renforcer la professionnalisation dès le bac, tout en gardant ouverte la possibilité de poursuite en école d’ingénieur. Toutefois, on observe que le marché, l’alternance et le prestige des écoles d’ingénieur poussent une majorité d’étudiantes et d’étudiants à continuer au-delà du BUT. L’université s’adapte à cette tendance, tout en continuant de défendre le rôle du BUT comme voie professionnelle à part entière. Des dispositifs de remédiation en licence, une forte attention au décrochage, et l’intégration de soft skills dans les programmes attestent d’une démarche inclusive et progressive pour attirer et maintenir les jeunes dans les études.

Le dialogue entre formations courtes et longues est particulièrement riche à l’USMB. Si les formations courtes restent une porte d’entrée accessible (notamment pour les bacheliers technologiques), la porosité avec les cursus longs est bien assurée grâce aux passerelles, aux dispositifs d’accompagnement et à l’intégration progressive dans des formations plus longues. L’université défend une logique de tremplin, permettant aux étudiantes et étudiants de construire leur trajectoire selon leurs aspirations et opportunités.

La modularité est également prise au sérieux, notamment avec les dispositifs de VAE/VAP, les formations en soirée ou le week-end, et une forte implication dans les transitions professionnelles. L’institution est sensible aux enjeux liés à l’évolution des métiers, à la transformation écologique et sociale, et développe des cursus qui intègrent les soft skills, la gestion de crise, ou encore la transition environnementale, en lien avec ses laboratoires de recherche. L’USMB cherche à décloisonner les savoirs et à renforcer les ponts interdisciplinaires, comme en témoigne l’Institut des Transitions.

Enfin, la relation entre enseignement et recherche est un pilier de l’université. Les enseignants-chercheurs sont très impliqués dans l’innovation pédagogique. Plusieurs formats encouragent la participation des étudiants à des projets de recherche dès la licence, notamment dans les unités d’ingénierie. Les laboratoires collaborent activement avec les entreprises, et une logique de recherche finalisée est favorisée, notamment via la Fondation USMB et ses chaires. Des formats pédagogiques originaux comme les modules « Impressionnez-nous » ou « Carte blanche » permettent aussi d’explorer cette articulation de manière créative.

ObjectifObservations
1. Développement des programmes en collaboration avec les milieux professionnels
1.1 Analyser les stratégies adoptées pour intégrer des partenariats avec les entreprisesPartenariats étroits avec les entreprises via l’IUT, l’IAE, Polytech, la Fondation USMB et les CFA. Forte présence des professionnels dans l’enseignement, alternance, stages, chaires de recherche.
1.2 Identifier les pratiques innovantes de co-construction répondant aux besoins du marchéFormations en alternance, implication d’entreprises dans la gouvernance des diplômes, co-développement de chaires, dispositifs innovants de suivi et remédiation.
2. Attractivité des formations en ingénierie 
2.1 Étudier les initiatives visant à renforcer l’attractivité des filières, notamment en lien avec l’employabilitéForte employabilité des BUT et masters, développement de soft skills et de compétences transversales, insertion professionnelle accompagnée, lien avec les entreprises et les territoires.
2.2 Analyser les dispositifs mis en place pour attirer davantage d’étudiantes et d’étudiantsDispositifs de remédiation, orientation personnalisée, accompagnement du décrochage, double diplôme, formation continue, communication sur les opportunités locales.
3. Formation courte versus cycles longs 
3.1 Comparer les programmes professionnalisants courts avec les filières classiques (5 ans)Le BUT est bien structuré mais subit la pression sociale des parcours longs. Majorité poursuit vers écoles d’ingénieur ou master. L’université adapte ses dispositifs en conséquence.
3.2 Identifier les forces et limites des deux systèmes (flexibilité, employabilité, transfert de compétences)Forces : professionnalisation rapide, accès progressif aux cycles longs. Limites : pression du marché et attractivité du master, orientation souvent peu stabilisée en amont.
4. Flexibilité des formations 
4.1 Explorer les dispositifs favorisant la modularité : VAE, micro-certifications, parcours hybridesPrésence de VAE/VAP, cours en soirée/week-end, dispositifs de remédiation, micro-certifications en projet, insertion dans les transitions professionnelles.
4.2 Étudier l’effet de ces dispositifs sur la réussite académique et les parcours individualisésTaux de réussite élevé, décrochage bien encadré avec dispositifs de réorientation. Parcours individualisés grâce aux modules inter/transdisciplinaires.
5. Articulation entre enseignement et recherche 
5.1 Analyser des exemples de collaboration réussie entre enseignement et rechercheLaboratoires actifs (18), modules interdisciplinaires (Institut des Transitions), chaires de recherche avec la Fondation USMB, implication dans des projets sociétaux concrets.
5.2 Identifier les pratiques favorisant la participation des étudiantes et des étudiants à la recherche dès le bachelorParticipation dès la licence via modules originaux (Impressionnez-nous, Carte blanche), encadrement par des enseignants-chercheurs, lien fort entre contenus de cours et travaux de recherche.

Conclusion

La visite de l’Université Savoie Mont Blanc (USMB) a permis de découvrir une institution solidement ancrée dans son territoire alpin, articulant avec cohérence sa mission de formation, de recherche et d’innovation. L’USMB se distingue par sa capacité à conjuguer excellence académique et proximité avec les réalités économiques régionales, en s’appuyant sur un réseau dense d’acteurs professionnels, industriels et institutionnels.

L’université se positionne comme un pôle structurant dans les domaines des transitions – environnementales, numériques, sociétales – avec une volonté marquée de décloisonner les savoirs et de développer l’interdisciplinarité. Cette orientation se traduit concrètement par des dispositifs transversaux intégrés dans les programmes de master, la valorisation des soft skills, ainsi que par une politique d’innovation pédagogique soutenue.

L’articulation entre formations professionnalisantes courtes (BUT) et cursus plus longs (écoles d’ingénieurs, masters) y est pensée comme un continuum, offrant aux étudiantes et étudiants des perspectives diversifiées et évolutives. L’attention portée à l’accompagnement, à la remédiation et à la réussite renforce encore cette dimension inclusive.

Enfin, le lien entre enseignement et recherche s’exprime de manière originale à travers des formats ouverts (modules « carte blanche », « impressionnez-nous »), un engagement fort des laboratoires dans les enjeux territoriaux, et une fondation universitaire particulièrement active dans l’animation scientifique et le soutien aux doctorant·es.

À travers son implication dans l’alliance UNITA, son positionnement européen affirmé et sa culture de la coopération, l’USMB constitue un partenaire de choix pour la HES⁠-⁠SO, notamment dans le cadre de réflexions croisées sur les transitions, les programmes conjoints et la formation continue.

Remerciements

Je tiens à exprimer mes plus sincères remerciements à la Professeure Claire Salmon, vice-présidente de l’interdisciplinarité et du lien formation-recherche, et au Professeur Nicolas Méger, vice-président à l’international, pour le temps qu’ils m’ont consacré et la qualité de nos échanges. Nos discussions ont été particulièrement stimulantes et m’ont permis de mieux comprendre les orientations stratégiques portées par l’USMB.

Je remercie également le Professeur Adrien Badel, directeur de l’école d’ingénieur Polytech Annecy-Chambéry, pour son accueil chaleureux à l’occasion de notre repas commun et les perspectives partagées autour d’éventuelles collaborations.

À toutes et à tous, un grand merci pour votre disponibilité, votre engagement et votre ouverture, qui témoignent de la vitalité de votre université et de son ancrage dans les défis contemporains. Ces échanges nourriront assurément les réflexions du Conseil de domaine Ingénierie et Architecture de la HES⁠-⁠SO.


[1] https://www.univ-smb.fr, consulté le 25.05.2025.